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La grande palabre :

C’est ce lundi, 30 septembre 2019 que s’ouvre au Palais des Congrès de Yaoundé, le Grand dialogue national, voulu, encadré et convoqué par le Président de la République Paul Biya.

Le RDPC, parti au pouvoir et présent sur le terrain de la crise qui secoue les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, sera un acteur majeur de cette grande concertation nationale. Le parti, à travers ses recommandations et ses mandataires, saura bien apporter sa précieuse pierre à la construction de l’édifice et au retour de la paix dans ces régions meurtries, mais, bien au-delà, aux préoccupations de l’ensemble des régions du pays.
 
Calqué sur le modèle de la palabre africaine, avec cependant des spécificités liées au contexte moderne, le grand débat va effectivement réunir toutes les composantes de la nation autour de la question essentielle de la crise anglophone. C’est elle, dans ses aspects les plus funestes, qui a révélé l’ampleur des extrémismes, des ambitions cachées et des appétits de ceux qui veulent remettre en cause l’héritage à nous légué par l’histoire et les hommes qui l’ont fabriqué. Cette crise est surtout révélatrice des fractures et des fragilités d’une société évoluant à deux vitesses, celle, d’une part des citoyens qui se sentent frustrés et de l’autre, celle  d’une classe qui a pris du temps à comprendre les limites et les insuffisances des politiques mises en place depuis très longtemps. Les questions de bilinguisme (avec une fracture linguistique très poussée), la gestion des différences, la gouvernance économique et sociale et la volonté politique de promouvoir l’intégration nationale, trouveront à coup sûr des propositions adéquates lors de cette grand’messe. Le plus important étant que tout le monde s’y retrouve, selon les vœux du Chef de l’Etat, des groupuscules terroristes aux factions qui écument la diaspora, les forces politiques, les chefs traditionnels et les catégories socio-économiques qui ont la paix pour principal souci.
 
On attend donc de tout ce monde qu’il tranche, propose et parle nettement et franchement, pour qu’on aboutisse à un consensus général acceptable. Car il s’agit avant tout de préserver l’unité et l’équilibre de la société. Chacun acceptant de donner un peu de soi pour préserver la paix et l’harmonie.Dans la palabre africaine commence par cerner et identifier le problème. Paul Biya, dans son discours du 10 septembre, dès l’entame de son propos, est très précis : « Depuis près de trois ans, les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest de notre pays sont en proie à une crise qui met en péril la sécurité et le bien-être des populations qui y vivent, mais a également de profondes conséquences sur l’ensemble de la communauté nationale ». 
 
 
Ensuite, la palabre africaine donne une grande importance au choix du modérateur, des participants-acteurs et toute la communauté concernée. Paul Biya dit : « Présidée par le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, ce dialogue réunira une palette diverse de personnalités : parlementaires, hommes politiques, leaders d’opinion, intellectuels, opérateurs économiques, autorités traditionnelles, autorités religieuses, membres de la diaspora, etc… Seront également invités de représentants des forces de défense et de sécurité, des groupes armés et des victimes». Tout le monde est donc appelé à apporter sa contribution, sans exclusive, même ceux qui ont pris les armes contre la République.
 
Enfin, la palabre africaine s’inscrit dans le temps et l’espace. Ici elle commence le 30 septembre et se termine le 04 octobre.  Donc, cinq jours pour briser le mur de la méfiance et de la suspicion, afin que chacun, librement, vide son sac, apporte ses propositions de sortie de crise et, par-dessus tout, accepte le compromis et le consensus qui en résulteront. Dans cet espace-temps, tout le monde sera écouté. Puisant dans nos valeurs traditionnelles et la jurisprudence moderne, toute parole engageante dans une liberté d’expression illimitée, conduire à la réconciliation et au consentement qui seront scellés par de accords écrits et des conventions tacites. 
 
Last but not least, la palabre africaine n’est pas une discussion vaine et interminable. Elle a un objet bien défini sur lequel les membres de la communauté sont appelés à se prononcer : « Le dialogue dont il est question concernera principalement la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Mais il est évident qu’en cela même il touchera à des questions d’intérêt national, le vivre-ensemble », prévient Paul Biya.
 
Telle est l’essence de la palabre africaine. Elle est l’expression la plus large et la plus élaborée de la démocratie. Donnant la possibilité à tout le monde d’exposer ses opinions, elle explore toutes les possibilités donnant lieu au rétablissement de la confiance entre les protagonistes et la préservation de l’harmonie et de la solidarité. Cette palabre privilégie le consensus et non la compétition, le dialogue en lieu et place de la confrontation.Loin d’être une remise en cause de ce qui existe, et de tous les efforts et sacrifices qui ont été consentis, le grand dialogue apparait ainsi comme un grand virage dans la conception que nous avons de nous-mêmes et de l’avenir de notre pays. Les participants à cette rencontre d’importance devraient avoir l’intime conviction qu’ils contribuent, aux côtés du Chef de l’Etat, à écrire une page nouvelle et primordiale de notre histoire. Le challenge est immense. Les espoirs aussi. A l’unisson et dans la paix des cœurs, il est question d’apporter à ce pays la cohésion et la concorde qui lui ont manqué ces derniers temps. 

Benjamin LIPAWING

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