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Crise ukrainiène : quel impact SUR l’économie camerounaise?

Carburant, blé, fret…La facture s’alourdit

Depuis le déclenchement de la crise ukrainienne, le Cameroun fait face à un renchérissement généralisé des biens de consommation de masse. Quelques-uns, comme les produits pétroliers, connaissent des perturbations dans leur distribution. Pour cause, la forte dépendance du pays vis-à-vis des principaux protagonistes de ladite crise. Du coup le débat sur l’import-substitution refait surface. Le présent dossier examine les différentes options possibles, pour que le Cameroun ne soit plus exposé aux moindres soubresauts qui affectent l’économie mondiale.

La crise qui oppose la Russie, l’Ukraine et à travers celle-ci, le reste du monde occidental se déroule à plus de 5 mille Km du Cameroun. Mais ses conséquences, surtout négatives, sur le vécu quotidien des Camerounais, s’aggravent au jour le jour.
Gabriel Dodo Ndoké, ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique (Minmidt), confirme les difficultés auxquelles l’économie camerounaise fait désormais face depuis le déclenchement de cette crise, comme tous les autres pays de la planète. « Elle entraîne notamment une explosion des prix de l’énergie, des produits alimentaires mais aussi des produits divers pour lesquels les protagonistes sont considérés comme les principaux producteurs mondiaux, tels que le blé et les céréales, le pétrole, le gaz naturel, le charbon, l’or et d’autres précieux ».
Le renchérissement des produits dont parle le Minmidt est, lui-même, consécutif à leur rareté. En fait, l’Ukraine, cinquième producteur mondial de blé bures, est plus préoccupée à affronter la super puissante armée russe qu’à exporter ses produits. La Russie, premier producteur mondial de blé et de gaz, fait face, depuis le déclenchement du conflit, à des sanctions des puissances occidentales qui l’ont pratiquement exclue du commerce mondial, au risque de provoquer des pénuries dans leurs propres pays et à travers le monde. De ce dernier pays dépend 45% du blé consommé chaque année au Cameroun, selon une étude récente réalisée par le ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (Minepat). La même étude fait état d’une augmentation du maïs et des engrais de 33% depuis début mars. Ce qui ne manquera pas d’affecter les secteurs de l’élevage et de l’agriculture.
Concrètement, on observe ces derniers jours au Cameroun, une forte tension à la pompe, du fait de la rareté du carburant. Une grande entreprise sucrière, la principale du pays, vient de fermer sa principale usine dans la Haute Sanaga, faute de fuel. Avec l’augmentation annoncée du cours du baril de pétrole à l’international à plus de 116 dollars, les finances publiques qui apportent déjà un appui de 120 milliards Fcfa pour maintenir inchangé le prix du carburant à la pompe, est susceptible de souffrir davantage, à moins que le consommateur soit appelé à contribuer, comme l’exigent les bailleurs de fonds.
« La conséquence directe sur l’évolution des prix, la plus visible, parce que fortement liée à nos habitudes alimentaires est celle des répercussions de l’augmentation du prix du blé (5000 FCFA par sac) sur celui du pain et des pâtisseries en général, notamment de la baguette de 200 grammes passée à 150 FCFA le mois dernier, contre 125 FCFA jusqu’alors », indique M. Dodo Ndoké. Le Minmidt évoque également « des risques d’aggravation de tensions inflationnistes dans les filières brassicoles et cimentières », du fait des contre-coups de l’évolution des prix des industries de la filière emballage, suite au renchérissement de leurs intrants « à l’instar de ceux en polyéthylène, métalliques et du papier papier-kraft entre autres ».
La situation pourrait d’ailleurs empirer dans les prochaines semaines, si l’escalade des sanctions prises contre les alliés de l’Ukraine et les représailles russes auxdites sanctions perdurent. Le risque est fort que les deux camps monopolisent le fret maritime dans leur course à la constitution des stocks de réserve. Ce qui ne peut qu’entrainer une augmentation exponentielle dudit fret, et une aggravation de l’inflation au plan national.

Claude MPOGUE

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