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L'Editorial

La discipline d’abord

La main du Président national n’a pas tremblé un seul instant. Il n’a pas hésité au moment de signer la première décision de l’année 2020; celle portant approbation et rendant exécutoires les conclusions de la commission de discipline ad hoc du Comité central. À peine une dizaine de jours se sont écoulés entre la remise au secrétaire général du rapport de la commission Musongue et la signature de la décision finale. Si Paul BIYA n’a pas traîné pour trancher dans le vif, c’est bien parce qu’il est conscient que le RDPC ne doit pas badiner avec la discipline. Alors que l’attention des militants du parti en particulier, de la classe politique et des observateurs en général est focalisée sur les élections régionales prévues le 6 décembre prochain, le Président national a préféré d’abord régler les cas d’indiscipline relevés lors du double scrutin législatif et municipal du 9 février 2020. Les observateurs avertis et les militants perspicaces comprendront que la publication de cette décision avant celle de la circulaire tant attendue relative aux modalités de présélection des candidats du parti aux élections régionales annoncées ne relève pas du hasard. Les potentiels candidats traduits et sanctionnés devant la commission de discipline ad hoc peuvent nourrir des inquiétudes légitimes. Tel était l’objectif recherché: sanctionner les cas les plus emblématiques pour empêcher toute velléité de récidive à l’occasion des régionales. On espère que lors des prochaines consultations internes et nationales, on enregistre moins de cas d’indiscipline.
S’agissant des sanctions proprement dites infligées aux mis en cause, il est loisible de constater que la palette de sanctions est variée, conformément aux dispositions pertinentes des textes de base. Elles vont de la lettre d’observation assortie d’un rappel à l’ordre jusqu’à l’exclusion définitive en passant par le blâme, la déchéance des fonctions, les exclusions temporaires de six, douze, dix-huit, vingt-quatre et trente-six mois. Comme l’indique l’article premier de l’acte du Président national, ces sanctions sont exécutoires dès la signature de la décision. En clair ceux qui ont écopé d’une déchéance de fonctions au sein des organes du parti cessent immédiatement de les exercer; les exclus se mettent « en congés » du parti pendant la durée de leur sanction jusqu’à la fin de celle-ci, etc.
Autant la gravité et la nature des sanctions retiennent l’attention, autant il est aisé de constater que celles-ci frappent les militants sans distinction ni discrimination. Parmi les sanctionnés, on retrouve des militants ordinaires, des présidents de sections, des maires, de sénateurs, d’anciens ministres, des membres du comité central, etc. Preuve, s’il en était, que le parti ne protège personne: tous les militants sont égaux devant les textes du parti et si la ligne rouge est franchie, le couperet tombe sur chacun en fonction de la gravité de la faute commise.
Comme en 2013, le Président national a donc approuvé et rendu exécutoires les sanctions de la commission de discipline ad hoc. À noter le cas de ces onze militants mis hors de cause après leur comparution devant la commission; preuve également qu’il n’y a pas de condamnation a priori. Au moment où le parti s’apprête à choisir ses candidats pour les régionales du 6 décembre prochain, il était urgent, nécessaire et opportun que ces décisions soient publiées. Afin que nul n’en ignore et pour rappeler aux uns et autres que sans discipline le RDPC ne peut pas continuer à occuper la place de parti leader et majoritaire qui est la sienne au Cameroun depuis 35 ans. Si la peur du « gendarme » est le début de la sagesse, alors les sanctions publiées hier devraient permettre une meilleure tenue des militants tout au long des opérations consacrées à la présélection des candidats en vue des régionales du 6 décembre 2020.

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