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L'Editorial

Dialogue de sourds…

La question est attendue et incontournable au moment des échanges lors des rencontres du Secrétaire général du Comité central avec les militants: pourquoi, au RDPC, les instances supérieures du Parti ne laissent-elles pas les militants de la base choisir librement les candidats ou les responsables locaux à l’occasion des consultations électorales? À Bertoua, un militant qui n’a pas sa langue dans la poche a même accusé des collaborateurs du Secrétaire général d’imposer des candidats impopulaires. Le débat est récurrent et tend à se transformer en polémique stérile, en raison de la mauvaise foi des différents protagonistes et surtout faute d’arguments objectifs. Pour couper court à ce qui s’apparente à une fronde ou à un dialogue de sourds, rappelons que les textes du parti donnent compétence exclusive au Comité central d’investir les candidats.
L’article 58 du Règlement intérieur stipule en effet que « le Comité central accorde l’investiture aux différentes consultations électorales. Il peut investir un ou plusieurs candidats du Parti pour un même siège ou présenter une ou plusieurs listes. » Cette prérogative d’investiture, qui est la résultante du rôle reconnu aux partis politiques par la constitution et les lois de la République, ne signifie nullement que les militants de la base n’ont aucun pouvoir dans cet exercice. Le choix leur appartient en premier; le comité central est tenu de les suivre dans la mesure du possible ou de le corriger le cas échéant mais en fin de compte, il revient au Comité central ou à une instance dûment mandatée par ses soins de délivrer l’attestation d’investiture aux candidats du parti.
La vraie question est de savoir pourquoi la base du parti, malgré les prérogatives qui lui sont reconnues, n’arrive-t-elle pas à assumer ses propres responsabilités et préfère verser dans les jérémiades et se répandre dans les accusations non fondées contre le Comité central? Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude, a-t-on l’habitude de dire. Si la base du parti, si prompte à faire appel aux instances supérieures à la moindre difficulté et réticente voire réfractaire à toute intervention de cette même hiérarchie, veut éviter tout interventionnisme, qu’elle commence à faire son travail et à bien le faire! Et puis, peut-on interdire au Comité central d’avoir un droit de regard sur les listes de candidats qui sollicitent l’investiture du Parti? Signer l’attestation d’investiture des candidats donne quand même quelques droits, sans pour autant ignorer ou piétiner ceux de la base!
Nous l’avons dit ici la semaine dernière: de nombreux problèmes du parti trouveraient naturellement des solutions si les réunions statutaires se tenaient régulièrement. Aussi simple que cela! Mais, et le Secrétaire général l’a dit, les présidents des bureaux des organes de base évitent de convoquer les réunions car ils pensent qu’ils sont automatiquement les candidats naturels de leur unité politique au moment de la sélection des candidats. Pour eux, la présidence d’un organe de base est un tremplin vers les postes électifs. C’est sans doute de bonne guerre mais on peut effectivement être un bon président de comité de base, de sous-section ou de section sans nécessairement être un bon candidat aux élections municipales, régionales ou législatives. Être un bon président c’est aussi savoir faire don de soi, travailler pour les autres, laisser passer son tour pour choisir un militant mieux placé capable de permettre au Parti de gagner l’élection dans la circonscription.
En d’autres termes, pour mettre un terme au prétendu jeu de dupes ou au dialogue de sourds actuel en matière de choix des candidats et empêcher le Comité central de « se mêler de leurs affaires » comme ils disent, les responsables des organes de base doivent être proactifs, procéder à intervalles réguliers à l’évaluation des élus en poste au cours des réunions statutaires, faire de la prospection des ressources humaines doublée d’une prospective en matière d’idées ou d’initiatives et susciter de nouvelles adhésions au sein du parti. Loin de nous toute tentative de vouloir affaiblir, minimiser ou fragiliser les présidents des organes de base. Leur pouvoir en matière de choix des candidats est connu et reconnu; sacré et consacré par les textes tant qu’il s’exerce de manière collective ou collégiale au cours des réunions statutaires. Les prérogatives du Comité central sont tout aussi bien encadrées. Que chacun fasse donc son travail et les vaches seront bien gardées; que dis-je? Et le RDPC aura toujours de bons candidats aux élections.

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