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Une nouvelle ère

Ce fut une brèche dans ce contexte international fait d’incertitudes, de doutes, de scepticisme et de peurs. Mais aussi une lueur, mieux une éclaircie, dans ces sombres moments où l’humanité s’interroge, s’inquiète et semble avoir perdu ses repères. A cet effet, le récent sommet Russie-Afrique, tenu à Saint-Pétersbourg du 26 au 30 juillet dernier sera, à coup sûr, l’une des rencontres les plus remarquables de cette année. Par son importance, la qualité et le nombre des participants venus d’Afrique, la nature, la diversité et la pertinence des résolutions, ce sommet a comblé plus d’une attente.


Cette rencontre intervient à l’ère où, sur fond de guerre en Ukraine, on assiste impuissant à un retour au bipolarisme jadis imposé par la guerre dite froide et qui a reposé sur un manichéisme caractérisé par des sphères distinctes, irrémédiablement irréconciliables. Le monde divisé entre les bons d’un côté et les méchants de l’autre, suivant les obédiences et les servilités, n’avait laissé que très peu de places à la raison et au bon sens. Saint-Pétersbourg est venu rappeler qu’une autre voie existe, celle d’une coopération dénuée de tout soupçon et de tout mercantilisme. Mais au bénéfice des peuples.


Plusieurs observateurs ont d’ailleurs soutenu que c’était plus un commencement qu’une fin. On oublie que c’est plutôt une continuité entamée trois ans plus tôt à Sotchi, toujours en Russie. Et l’image que cette rencontre donne n’en exprime pas moins, dans le cadre de nouvelles relations internationales, le rôle de catharsis planétaire, d’une sorte d’Etats généraux du multilatéralisme, de la coopération et de l’amitié entre nations. Ce ne fut pas un concile anti-impérialiste comme on l’a lu dans la presse occidentale, mais un œcuménisme de la coopération et de la realpolitik.
De l’avis des experts, le sommet de Saint-Pétersbourg a été riche en résolutions et recommandations. Celles-ci ont balayé tous domaines de la coopération entre les pays de l’Afrique et la Fédération de Russie. Sur la base d’une volonté commune d’instaurer un dialogue permanent entre ces entités, le partenariat Russie-Afrique va s’intensifier dans le domaine diplomatique, industriel, sécuritaire, scientifique, technologique, sanitaire, économique et bien sûr le terrorisme et l’insécurité alimentaire. Les participants ont insisté sur le multilatéralisme, l’égalitarisme et le respect mutuel entre les nations.


Sur la base de ce principe de respect mutuel, de responsabilité partagée et d’un traitement différencié et objectifs devant les exigences du droit international et de la souveraineté de chaque Etat, le sommet a prôné le dialogue, la compréhension mutuelle, loin de toutes contraintes, de toute condescendance et de toutes conditionnalités. Cette disposition de la Russie à donner toute sa place à l’Afrique n’étonne pas ceux qui ont un devoir de mémoire envers ce pays. Le Président Paul BIYA l’a si opportunément rappelé : « certaines personnes, dit-il, sont peut-être étonnées par l’intérêt que la fédération de la Russie marque pour l’Afrique. Mais cet intérêt est ancien. Je dois le rappeler, que dans les années 1960, pendant que l’Afrique luttait pour accéder à la souveraineté, la Russie lui a apporté un appui sincère et efficace ».
Sur le plan bilatéral, le sommet de Saint-Pétersbourg a apporté plus de visibilité et plus d’ouverture à une coopération qui n’a jamais souffert d’ambiguïtés. A la veille de la célébration des 60 ans de leur coopération, le Cameroun et la Russie trouvent aujourd’hui, plus qu’hier, les raisons d’un renforcement des liens et de l’intensification d’une coopération soumise aux nouvelles exigences et à de nombreux défis. Ces rencontres ont surtout ouvert des perspectives nouvelles. Le président Paul Biya, s’adressant à M. Poutine, indique avec des mots clairs, toutes les attentes de cette rencontre : «  J’ai bon espoir que, grâce à notre impulsion commune, nos deux pays densifieront et diversifieront davantage leurs relations, en particulier dans les domaines de la recherche et de la formation, de l’industrialisation, du développement agricole, des infrastructures routières et électriques et de la lutte contre le terrorisme. »
Le vaste registre dans lequel s’inscrit cette coopération est bien le reflet de la solidité et de l’ancienneté des liens qui unissent les deux peuples. En dehors de cette coopération étatique, il est attendu une plus grande ouverture vers le secteur industriel privé russe qui apprécie l’énorme potentiel du Cameroun.


De ce sommet historique, on retiendra surtout le rôle joué par le Président de la République qui a mis de sa crédibilité et de son aura pour ouvrir les portes et élargir les horizons d’une coopération appelée à s’affermir davantage. La mise en œuvre de cette dynamique nouvelle revenant à l’imposante équipe qui l’a accompagné.

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