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L'Editorial

Un gros morceau pour finir…

Le Secrétaire général du comité central du RDPC a clôturé ce jour à Ngaoundéré le périple de la tournée menée tambour battant et à bride abattue dans les dix régions du Cameroun. Si le Grand Nord dans son ensemble a confirmé sa réputation de forteresse imprenable du Parti et de réservoir inépuisable de voix, des disparités existent néanmoins entre ces trois régions dont chacune constitue une mosaïque et un kaléidoscope à part entière.
Maroua, chef-lieu de l’extrême-Nord, fille aînée et bien aimée du Renouveau national, n’a pas besoin d’artifices et de subterfuges pour étaler sa puissance démographique doublée d’une fidélité sincère, authentique et inconditionnelle en dépit de ses problèmes infrastructurels. Ici, pas de place pour le marchandage et le chantage malgré le chant maléfique des oiseaux de mauvais augure et des sirènes de la désinformation et de l’intoxication.
Garoua, la belle, la mystérieuse, l’énigmatique, si jalouse de son héritage historique mais dont le présent reste étincelant, resplendissant et scintillant en termes d’infrastructures et qui semble pourtant toujours hantée par les fantômes d’un passé glorieux et encore vivace. Garoua, ville natale de l’ancien Président Ahmadou Ahidjo dont l’empreinte reste très présente sur la Cité, autant que sur les habitants, les bâtiments et le développement urbain ; Garoua qui aurait pu se rêver un destin de capitale du Cameroun et dont l’autre particularité est d’être la ville des principaux leaders de partis politiques alliés au RDPC. Pour toutes ces raisons et bien d’autres, le Nord en général et Garoua en particulier restent et demeureront un terrain politique très disputé, convoité et courtisé.
Et puis, last but not least, voici Ngaoundéré, ultime et étape spéciale d’un marathon commencé à Yaoundé le 21 septembre 2023. Région Château d’eau du Cameroun, l’Adamaoua, qui porte encore le deuil du patriarche et baobab Alhadji ABBO, est, comparée au Nord et à l’Extrême nord, en mode faible débit ou étiage pour le RDPC. Les résultats et les chiffres traduisent mieux cette faible performance électorale. Sur les 21 communes de la région, le RDPC en contrôle 12, les plus petites de surcroît en dehors de Meiganga. Conséquence arithmétique directe : le parti au pouvoir est minoritaire au Conseil Régional avec 14 sièges seulement contre 56 à l’UNDP, son allié au gouvernement. La Mairie du chef-lieu de la région est contrôlée par le même parti politique qui occupe également six des onze sièges des députés à l’assemblée nationale.
Comme on peut le constater, le RDPC a des soucis à se faire et du retard à combler. Si ces chiffres constituent un excellent baromètre de la vitalité de la démocratie camerounaise, ils sont bien la preuve que l’hégémonie du Parti au flambeau ardent peut être contestée sur le terrain. De quoi tordre le cou à ceux qui pensent et proclament que les alliances politiques sont synonymes de retour au parti unique ou de négation voire de régression de la démocratie.
Dans l’Adamaoua, le RDPC n’a ni absorbé ni fusionné avec l’UNDP qui reste son principal adversaire sur le terrain. L’alliance n’empêche donc pas la saine rivalité et les deux protagonistes se rendent coup pour coup. C’est par ce morceau, gros et dur à avaler, que s’est achevé le « festin » du RDPC dans les Régions. Il fallait terminer par le plus difficile pour bien se rappeler que le chemin vers la victoire ou le « grand chelem » est encore parsemé d’embûches et d’obstacles.
En démocratie, rien n’est jamais définitivement acquis et les couronnes de lauriers d’aujourd’hui peuvent devenir les ronces et les épines de demain. « Un peuple sage n’a pas le droit de glisser sur une peau de banane deux fois », a averti Jean NKUETE, s’adressant aux militants de l’Adamaoua. D’ici à 2025, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts mais entre le RDPC et l’UNDP, la bataille a déjà commencé pour le contrôle du « Château d’eau. »

Par Christophe MIEN ZOK

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