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L'Editorial

Tout nouveau, tout beau!

On prétend qu’à court d’idées, Paul Biya recycle ses discours pour servir du réchauffé, des formules éculées et du déjà entendu à son auditoire. Et pourtant à chaque prise de parole, il surprend et séduit son monde par de nouvelles trouvailles et de belles pépites langagières et idéologiques qui sont autant de chemins à arpenter et de sillons à labourer

«Comme vous pouvez le constater, c’est un Cameroun nouveau qui prend ainsi forme. Un Cameroun adapté au temps présent. Un Cameroun qui regarde vers l’avenir. » Sacré Paul BIYA! On le croit usé; au bout du rouleau. On le dit fatigué; en manque et en panne d’inspiration. On prétend qu’à court d’idées, il recycle ses discours pour servir du réchauffé, des formules éculées et du déjà entendu à son auditoire. Et pourtant à chaque prise de parole, il surprend et séduit son monde par de nouvelles trouvailles et de belles pépites langagières et idéologiques qui sont autant de chemins à arpenter et de sillons à labourer. Le message à la nation du 31 décembre dernier n’a pas échappé à cette règle, non pas en raison d’une figure de style particulière mais à cause d’une trouvaille qui résume à la fois la vision et l’optimisme de Paul BIYA.
Trente-sept ans après son accession à la magistrature suprême, le promoteur du Renouveau, celui-là même qui rappelait un jour aux Camerounais pour réaffirmer sa constance et sa fidélité par rapport à ses idéaux et à ses engagements initiaux: « non je n’ai pas changé », prend ses compatriotes à témoin pour qu’ils constatent avec lui, au terme d’une magistrale démonstration, qu’un « Cameroun nouveau prend ainsi forme ». Un Cameroun nouveau prend donc forme à la faveur de l’adoption et de la promulgation de la loi portant code général des collectivités territoriales décentralisées. Il s’agit d’un tournant, d’un nouveau départ, d’un nouveau paradigme.
Pour la forme, les linguistes auront remarqué que Paul BIYA parle d’un « Cameroun nouveau » et non d’un nouveau Cameroun. Lesquels linguistes vous diront qu’un adjectif n’a pas la même valeur selon qu’il est antéposé ou postposé. Lorsqu’il est placé avant le mot, l’adjectif exprime l’émotion, l’émotivité et la subjectivité de l’auteur. Placé après le nom, il est synonyme d’objectivité et de rationalité. Paul Biya s’adresse donc à la raison de ses compatriotes et non à leur cœur, siège des émotions. Il ne parle surtout pas d’un Cameroun new-look, formule réductrice qui rappelle une opération cosmétique avec ce que cela sous-entend comme ravalement de façade, maquillage.
Pour le fond, comment ne pas remarquer la fidélité et saluer la constance de l’homme du 6 novembre 1982 pour tout ce qui touche à la transformation en profondeur du Cameroun. Depuis le premier jour, il a rêvé et œuvré pour l’avènement du Renouveau, malgré les obstacles, les écueils et les épreuves en tout genre. Le temps qui passe, les malentendus, les rendez-vous manqués, les insuffisances dans les résultats dans certains domaines, les trahisons et les infidélités des proches n’ont pas émoussé son enthousiasme d’antan et sa détermination. En 2020 comme en 1982, Paul BIYA continue de rêver et d’œuvrer pour « un Cameroun nouveau ». Il en dessine les contours, élabore son contenu et esquisse à grands traits les priorités pour le présent et pour le futur. Le nouveau levier qu’il entend actionner c’est la décentralisation, de manière forte, concrète, profonde et accélérée, dans un Etat plus que jamais unitaire même si, dans cette architecture, les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest disposent d’un statut spécial.
En ce début d’année, le Cameroun nouveau qui se dessine sous nos yeux pourrait sonner et résonner comme un vœu; un souhait; une bonne résolution pour se donner bonne conscience. Et pourtant le résultat est à portée de main. Pour que le grand destin qui attend le Cameroun devienne réalité, les Camerounais devront davantage s’inspirer de la devise de leur pays en donnant un contenu plus concret aux valeurs de paix, de travail et de patrie. Cela passe inéluctablement par un changement radical de mentalités. À commencer par l’implication, la participation et la contribution citoyennes des populations au développement en tant que acteurs et non comme spectateurs.

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