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L'Editorial

Soif de justice

La montagne d’Etoudi n’a pas accouché d’une souris. Après trois ans d’attente, une réunion du Conseil supérieur de la Magistrature s’est tenue lundi dernier au Palais de l’Unité sous la présidence de Paul Biya, Chef de l’Etat, Président dudit conseil et garant de l’indépendance de la magistrature, conformément aux dispositions pertinentes de la Constitution de notre pays. L’ampleur des décisions et le volume des résolutions ayant sanctionné cette réunion sont proportionnels à la longue attente et au suspense entretenus par les uns et les autres. Les indicateurs de cette importance sont fournis par le temps d’antenne que la CRTV-Radio a accordé à la lecture des actes d’intégration, de nomination et d’affectation des magistrats: plus de huit heures d’horloge pour lire les 295 pages de documents; lesquels ont fait l’objet d’un encart spécial de 40 pages environ dans l’édition de Cameron Tribune d’hier. Un véritable record dans l’un et l’autre cas, preuve, s’il en est, de l’importance et de la place de la magistrature dans notre environnement institutionnel. Ceux qui attendaient de voir du « sang gicler » sur les murs et des décisions fracassantes seront forcément déçus: aucun dossier disciplinaire n’était inscrit à l’ordre du jour de la session. Il n’y a pas eu d’agneau sacrificiel. Par contre, il y a désormais du sang neuf dans nos juridictions avec comme principale innovation l’intégration pour la toute première fois dans le corps judiciaire des auditeurs de justice de la section Common Law créée à l’ENAM. À travers l’injection de nouvelles ressources humaines dans les juridictions, une impulsion et une dynamique de changement se mettent en place pour donner un souffle nouveau à notre système judiciaire. Le savant dosage entre l’enthousiasme des jeunes et l’expérience des plus anciens devrait y contribuer.
Est-ce à dire que notre magistrature et notre justice fonctionneront désormais mieux que par le passé? Il faut l’espérer, même si on connaît les pesanteurs structurelles et les contraintes conjoncturelles du système judiciaire camerounais. Dans cette chaîne de responsabilités, les magistrats ne sont pas seuls, puisqu’ils doivent compter sur la collaboration de la police en amont et celle de l’administration pénitentiaire en aval. Mais il n’en demeure pas moins que leur rôle est prééminent. À l’instar des maçons, on…jugera donc les nouveaux et anciens magistrats au pied du mur; les institutions ne valant que par les hommes-et les femmes- appelés à les servir. On espère surtout qu’en dépit des difficultés et des tentations de toutes sortes, ils sauront toujours rendre, avec impartialité et équité, la justice au nom du peuple camerounais; une « justice crédible, fidèle à ses principes, disposant d’un personnel compétent et appréciée de nos concitoyens » comme l’a prescrit Paul Biya au début des travaux. Une hirondelle ne fait pas toujours le printemps mais les magistrats intégrés, promus, nommés ou mutés au cours du vaste mouvement de lundi dernier auront certainement à cœur de prouver qu’ils constituent une exception à cette règle. Les honneurs, les avantages et les privilèges que la Nation confère à cette noble profession méritent bien en retour quelques devoirs. Et ce sera…justice.

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