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L'Editorial Le Parti

Balle au centre

L’Editoriale du Journal l’Action numéro 1303

Et voilà! La malédiction du football camerounais a encore frappé. Comme le criminel qui revient toujours sur les lieux de son crime, le fantôme qui hante les couloirs et les bureaux de la fédération camerounaise de football (Fécafoot) depuis fort longtemps a encore frappé. En ce début d’année 2021, malgré l’interruption du championnat depuis des mois, on se préparait à vivre la sixième édition du championnat d’Afrique des Nations (Chan) qu’abrite le Cameroun. En ce début 2021, on s’apprêtait surtout à prouver à la face du monde entier notre capacité à organiser une manifestation sportive de cette envergure, véritable avant goût de la grande et prestigieuse Coupe d’Afrique des Nations. En ce début 2021, les Camerounais trépignaient d’impatience à la seule idée d’éblouir les visiteurs et les téléspectateurs, urbi et orbi, avec leurs nouvelles infrastructures sportives; ces stades, flambant neufs ou réhabilités, qui font leur fierté, lavent leur honneur et restaurent quelque peu leur dignité après tant d’années de moqueries et de dénigrement. Difficile cependant de savoir si l’équipe A’ des Lions Indomptables composée de joueurs locaux peut marcher sur les traces de la sélection fanion qui remporta à la surprise générale le trophée en 2017 au Gabon. En réalité cet enjeu sportif passe presque au second plan, loin derrière le défi de l’organisation et des contraintes sanitaires et sécuritaires. Et puis, soyons honnêtes, si on demandait aux Camerounais de choisir entre une victoire au Chan ou à la Can, ils n’hésiteraient pas longtemps. Cela dit, si la bande à Ndtoungou Mpile, Banga, Jacques Zoua et consorts venait à réaliser un tel exploit, personne ne cracherait dessus. Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras…Et puis, quel beau pied de nez ça ferait à tous ces bureaucrates qui prennent le football en otage !!! Les Camerounais en étaient encore là avec leurs supputations, leurs espoirs et leurs attentes lorsque le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) est venu leur rappeler que les vieux démons du football camerounais n’ont pas encore été exorcisés. La veille de l’ouverture de la compétition, ils apprenaient, médusés et abasourdis, que pour la énième fois en l’espace de dix ans, le processus électoral ayant conduit à la mise en place en 2018 d’un nouveau bureau exécutif à la Fécafoot est purement et simplement annulé. Pour un coup de massue c’en était un. Ou plus exactement, cela aurait pu l’être car il y a longtemps que ce qui se passe dans les couloirs et les bureaux du football camerounais est en totale inadéquation avec les réalités des terrains de jeu. En guise d’illustration, il suffit de rappeler que le championnat local, baptisé Elite one, est interrompu depuis des mois, paralysé par les querelles et les guéguerres entre la fédération et la ligue de football professionnel. Malgré les sentences du TAS, déjà, les protagonistes ne sont pas parvenus à un terrain d’entente, si l’on ose écrire; preuve s’il en est que les batailles concernent tout sauf le terrain. Et voilà le football camerounais de nouveau sous les projecteurs, non pas pour ses performances mais dans la rubrique des faits divers, plus précisément la chronique judiciaire. Au moment où se déroule cette sixième édition du Chan, la Fécafoot n’a donc plus de bureau exécutif et celui en place, chargé de gérer les affaires courantes sous la supervision de la Fifa, doit être plus préoccupé par son avenir et son devenir que par l’issue de la compétition. Comment en est-on arrivé là? Dix ans que ça dure. De normalisation en période de transition, les juristes passent, les textes sont adoptés, validés par la Fifa, les élections ont lieu moins de cent électeurs et puis patatras, il faut tout recommencer. Manifestement, il ne s’agit plus de la qualité des textes, mais davantage de la probité des hommes chargés de les appliquer. Un cancer insidieux ronge la bureaucratie du football camerounais; ses métastases gangrènent tous les tissus et limitent les performances des joueurs sur le terrain. Il est temps de lui appliquer un traitement approprié, sans exclure une amputation. En tout cas le gouvernement, qui consent tant de sacrifices pour le rayonnement de ce football, doit veiller à mettre un terme à ce sempiternel cafouillage; dans l’intérêt du football et des footballeurs, il est temps de remettre la balle au centre, loin des micmacs des apparatchiks de la Fifa et des magouilles des bureaucrates de la fédération camerounaise de football.

Christophe MIEN ZOK

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