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L'Editorial

Des partis en pagaille

Ils naissent et poussent comme des champignons. Meurent et disparaissent aussi vite soit des suites de maladies infantiles, soit de l’indifférence des populations et des électeurs, manifestement peu sensibles et enthousiastes à cette inflation de l’offre politique. Au Cameroun, les partis politiques, puisqu’il s’agit d’eux, tombent du ciel comme des gouttes d’eau dignes d’une pluie diluvienne, sans interruption, avec fracas et la régularité d’un métronome. La semaine dernière, le ministre de l’Administration territoriale a publié un communiqué annonçant la légalisation d’une douzaine de nouveaux partis politiques. On parle désormais de plus de 350 partis politiques officiels au Cameroun. D’aucuns soutiendront que c’est le signe incontestable d’une certaine vitalité en quantité même si pour la qualité et le contenu des offres programmatiques, le citoyen peut s’estimer déçu. Un tel foisonnement, une telle floraison ne garantit nullement la qualité des fruits. Malgré ce scepticisme, les camerounais peuvent néanmoins se rassurer: la politique a encore de beaux jours devant elle et les acteurs ne dorment pas sur leurs lauriers, même si le calendrier électoral ne prévoit aucune échéance avant…2023.
En attendant, il faut faire bon cœur contre cette mauvaise fortune, cette malédiction qui frappe la classe politique. Et accepter, voire subir cette atomisation, cette balkanisation, cet émiettement et cet éparpillement des forces politiques. Quel est le poids réel de ces nouveaux partis qui viennent s’ajouter aux anciens, tous aussi lilliputiens et microscopiques les uns que les autres, ceux-là que Ni John FRU NDI, le leader du SDF, désignait avec mépris et dédain « les petits partis politiques » en refusant de s’asseoir à la même table pour discuter avec eux? Certains ont déjà eu à se frotter au suffrage et on a vu le résultat: proche du néant. L’addition et la multiplication des partis politiques sont-ils réellement un gage de vitalité et de qualité démocratiques? Rien n’est moins sûr. En tout cas, le RDPC n’a pas à porter un jugement sur la prolifération des formations politiques. Ce sont autant d’adversaires qu’il devra affronter sur le terrain et la différence se fera au niveau de l’implantation territoriale, du contenu de l’offre et de la qualité des ressources humaines.
Parti républicain et respectueux de la légalité, le RDPC ne peut que prendre acte de l’arrivée de ces nouveaux adversaires sur la scène. Il ne poussera pas l’outrecuidance de les traiter avec condescendance, mépris et dédain. Après l’euphorie et l’enthousiasme de la légalisation, ils sont attendus sur le terrain des projets, des programmes et des débats. En espérant qu’ils ne succomberont pas aux maladies infantiles et surtout au vrai danger qui guette tout parti politique au Cameroun: les divisions internes et les querelles de leadership, sans oublier l’indiscipline et le messianisme. Des partis politiques en pagaille et comme s’il en pleuvait? Acceptons cette « manne » qui nous tombe du ciel, recevons-la comme une chance ou une opportunité et préparons-nous à gérer la diversité et le flot des offres. Décidément, l’abondance ne nuit pas.

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