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De Mfandena à Olembe

Le match est loin d’être terminé mais la victoire de l’organisation est presque déjà acquise malgré quelques approximations, imperfections et lacunes, du reste surmontables. Le Cameroun a parfaitement réussi son entrée en matière dans sa compétition. D’Olembe à Limbe en passant par Douala-Japoma, Bafoussam, Garoua, Mfandena, les Camerounais, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest et au-delà, vibrent au rythme de la 33e édition de la CAN, la deuxième organisée dans notre pays après celle de 1972. Dans les six stades, les fan zones et les quartiers, le public camerounais confirme non seulement sa passion du football mais aussi son fair-play, son hospitalité et sa joie de vivre. Cinquante ans que le pays des Lions Indomptables, quintuples vainqueurs du trophée à l’extérieur, essentiellement « chez les autres », attendait ce moment… L’année 2022 effacera-t-elle le traumatisme de 1972 qui avait vu le Cameroun, dont l’équipe-fanion n’avait pas encore reçu le nom de baptême de Lions Indomptables, éliminé en demi-finales face au Congo de Mbono le Sorcier et de Minga Pépé?
Après toutes les frayeurs, les vicissitudes et les inquiétudes liées à l’organisation de ce tournoi, caractérisées par les reports, les tentatives de chantage et les menaces en tout genre, le meilleur dénouement dont puissent rêver les supporters des Lions Indomptables c’est une victoire sportive au soir du 6 février, synonyme de sixième étoile sur le maillot. Il y a pourtant loin de la coupe aux lèvres…Les incantations, les lamentations et les vœux pieux ne suffiront pas. C’est sur le terrain d’Olembe que tout se décidera. Vincent Aboubakar et ses coéquipiers ont jusqu’à présent réussi un parcours presque parfait. Ils ont terminé le premier tour à la tête de leur groupe même s’ils ont encaissé trois buts en trois rencontres. Les critiques, les moqueries, les railleries contre les joueurs ne servent plus à grand chose maintenant. La vraie compétition démarre lundi avec les huitièmes de finales. La route qui mène vers la coupe devient alors un couperet. La qualité du jeu pratiqué importe désormais très peu; seul compte le résultat final.
Il reste donc quatre matches aux Lions indomptables pour aller au bout de leur rêve et rendre fous de joie leurs millions de supporters. La mission n’est pas impossible. Les joueurs et leurs encadreurs sont capables de relever un tel défi. Il leur suffit d’y croire et de s’inspirer de l’exemple de la cuvée de 2017 au Gabon qui, à la surprise générale, avait remporté le trophée au détriment de pays que l’on donnait favoris. À ce stade de la compétition, il n’y a plus de favoris mais la victoire tend les bras à l’équipe qui la désire le plus et fait preuve d’un « fighting spirit » et d’un mental plus forts. L’équipe nationale du Cameroun est bien connue, reconnue et réputée pour ses qualités dans ce domaine. Lundi prochain, si les Lions passent le stade des huitièmes de finale, il sera difficile de les arrêter en si bon chemin.
Quoi qu’il en soit, le passage de témoin entre Mfandena et Olembe auquel on assiste depuis le début de la CAN ne devrait pas s’effectuer dans l’indifférence, la douleur ou l’anonymat. Les Lions n’ont peut-être pas gagné de titre significatif dans la cuvette de Mfandena mais ils y ont été rarement domptés. Depuis 1972, rares sont les équipes nationales africaines qui peuvent se vanter d’avoir terrassé les Lions à Mfandena. Ils y ont quand même écrit les pages les plus belles de l’histoire du football camerounais. Au moment où Olembe prend le relais pour devenir la principale arène des équipes de football du Cameroun, autant l’inaugurer par un exploit aussi mémorable, retentissant qu’indélébile et conjurer définitivement le mauvais sort jeté à Mfandena en 1972. Il ne s’agit pas seulement d’une question de superstition mais de l’honneur et de la fierté de tout un pays.

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