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L'Editorial

À chacun son couloir!

Pour la troisième fois depuis 2013, les élections sénatoriales se tiendront au Cameroun le dimanche 12 mars 2023. Le décret du Président de la République convoquant les électeurs sénatoriaux que sont les conseillers régionaux et municipaux a été publié le 13 janvier et conformément à la Loi, les candidats disposent de quinze jours pour déposer les listes de candidatures. Dans les rangs du RDPC, la tension est montée d’un cran avec la signature, hier, de la circulaire du Président national relative aux opérations d’investiture des candidates et candidats du RDPC à l’élection des sénateurs et sénatrices. La course contre la montre est donc lancée. Il ne reste plus qu’une semaine aux candidats et à la direction du parti pour respecter les délais légaux. Dans les dix Régions, l’effervescence et l’engouement sont à leur comble. Les candidats se bousculent au portillon. Les commissions régionales de réception et d’analyse auront la lourde responsabilité d’enregistrer puis d’analyser et surtout d’évaluer les dossiers de candidatures selon les critères édictés par la circulaire du Président national. Ces instances ne sont pas de simples boîtes postales puisqu’elles doivent procéder à la sélection et au classement par ordre de préférence de deux listes et les transmettre avec avis motivé à la commission centrale d’investiture. Si les membres de ces structures font preuve « de rigueur, d’objectivité, d’élévation d’esprit, de probité, de haut sens politique, de discrétion » comme le leur recommande le Président Paul BIYA, il ne devrait pas y avoir de nombreuses contestations. Et le RDPC présenterait alors des candidats « dignes de confiance et aptes à lui assurer une victoire éclatante ». Mais sait-on jamais? Au sein du RDPC, le meilleur et le pire se côtoient parfois allègrement. En 2018 par exemple, certaines commissions régionales s’étaient déchargés purement et simplement sur la commission centrale en lui transmettant des listes telles que reçues, sans aucun avis motivé ni expression d’une préférence ou d’un quelconque classement. Et sous la pression des délais liés au dépôt des dossiers de candidatures auprès de ELECAM, des erreurs sont vite arrivées. Personne ne peut oublier les quatorze sénateurs offerts sur un plateau en or au SDF en 2013 suite à la disqualification des listes du RDPC dans l’Adamaoua et à l’Ouest. Le RDPC n’est pas à l’abri d’un faux pas de procédure. Ses adversaires le savent, le guettent et l’attendent au tournant. D’où leur empressement à présenter des candidatures à une élection au suffrage indirect où ils n’ont, a priori, aucune chance de gagner puisque n’ayant ni conseiller municipal, ni conseiller régional. Malgré les délais très courts, il faut éviter ce piège béant de la précipitation. Au-delà de ces précautions d’usage et de ces règles de prudence, la circulaire du Président national confirme des tendances lourdes et des options fortes prises par le Parti depuis quelques années: l’interdiction du cumul des mandats, le sens du partage, la prime à la performance, le respect des obligations financières par les élus, etc. Dans cette logique, le parti ferme à double tour la porte de l’investiture aux sénatoriales aux conseillers municipaux et régionaux. Que chacun reste dans son couloir! De même, les militants sous le coup des sanctions de la Commission ad hoc de discipline de 2020 sont inéligibles au même titre que « les responsables locaux n’ayant pas conduit le Parti à la victoire dans leur circonscription électorale lors des élections municipales de février 2020 ». La performance politique passe par de bons résultats électoraux! Pendant que certains présidents de sections grinceront des dents à la lecture de cette disposition, d’autres se frotteront les mains de satisfaction au regard du pouvoir que leur confère la hiérarchie. En effet, parmi les pièces du dossier exigées par le Parti, chaque candidat à l’investiture devra produire « une attestation de bonne conduite délivrée par la Présidente ou le Président de section RDPC ». Qui doute encore que les présidents de sections sont les vrais chefs politiques locaux? Tous au travail!

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