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L'Editorial

De gré ou de force

Obsession du pouvoir, quand tu nous tiens et nous tues à petit feu! Bon gré, mal gré, à tout prix et à tous les prix, le président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun veut s’installer au Palais de l’unité pour être intronisé calife à la place du calife. Comme le grand vizir Iznogoud de la bande dessinée, il multiplie les stratégies et les plans, tente des ballons d’essai qui se dégonflent les uns après les autres tels des ballons de baudruche. Il serait fastidieux d’énumérer toutes les initiatives et les épisodes précédents. Jusqu’à présent, toutes ces tentatives se sont soldées par de cuisants échecs. Le raccourci avait tué la perdrix, dit un adage de la forêt. Loin de décourager notre Grand vizir, ces échecs à répétition décuplent son énergie, ses efforts et son imagination très fertile. Il faut le comprendre: il joue sa …survie politique; suivez mon regard et vous comprendrez pourquoi le choix du nom d’une association créée censément pour lutter contre le covid-19 ne relève pas du hasard. Que de contradictions et de contorsions!
En réalité, le MRC ne se préoccupe pas de la survie du Cameroun mais de la sienne et surtout celle de son président obsédé par le fauteuil présidentiel. L’élection présidentielle a eu lieu au Cameroun en 2018 et Paul BIYA a été élu pour un mandat de sept ans qui s’achève en 2025. Alors que le pays est confronté à de multiples défis dont le moindre n’est pas la lutte contre la pandémie du coronavirus, le MRC et son leader, qui ont pourtant décidé de boycotter les dernières élections législatives et municipales, ne cessent d’agiter le spectre d’une succession imminente à la tête de l’Etat. Ils ont commencé par susurrer, puis insinuer et distiller la rumeur de la mort du Président de la République dans l’espoir qu’une telle issue funeste provoquerait une élection anticipée ou le chaos. Mal leur en a pris: Paul BIYA est bel et bien vivant. Au lieu de battre leur coulpe, ils ont déniché une nouvelle trouvaille: « la succession de gré à gré ». Ça sonne bien à l’oreille et surtout ça pourrait être la petite étincelle censée mettre le feu aux poudres afin de créer l’explosion, l’apocalypse, le Grand Soir dont rêvent certains matin, midi et soir.
Voilà donc la petite musique que Maurice KAMTO et ses partisans tentent d’enfoncer dans la tête, décidément très dure, des Camerounais. Lui-même se convainc d’abord de ses lubies et veut ensuite y entraîner l’ensemble des Camerounais considérés comme des moutons de Panurge. Il n’y a pas plus grave et plus dangereux que de créer des chimères et d’y croire soi-même. Or, en l’état actuel de l’architecture institutionnelle et législative au Cameroun, la succession de gré à gré est une vue de l’esprit, dans la mesure où la Constitution a prévu les mécanismes en cas de vacance à la tête de l’Etat. Paul BIYA lui-même a dit à plusieurs reprises que dans un système démocratique comme celui du Cameroun, la notion de dauphin est un non-sens. Juriste de haut vol, le Président du MRC ne le sait que trop bien, mais son objectif est ailleurs. Il s’inscrit dans une démarche subliminale qui consiste à prêter à autrui ses propres intentions.
En fait, cet énième coup de dé est l’expression du dernier degré du désespoir d’un homme politique prêt à tout pour se hisser au pouvoir. Kamto dénonce un supposé gré à gré pour mieux masquer ses intentions profondes: c’est lui qui veut le pouvoir de gré ou de force. Après le scrutin du 7 octobre 2018, il s’est, de son plein gré, auto-proclamé unilatéralement vainqueur. À …l’insu du plein gré des électeurs! Depuis bientôt deux ans, le « président élu », installé au quartier ou à la prison de Kondengui, mène campagne contre le « hold-up électoral » et passe le temps à bâtir toutes sortes de stratagèmes et à donner des injonctions au vrai détenteur du pouvoir logé à Etoudi. Le peuple lui ayant refusé l’agrément par les urnes, il se tourne vers la communauté internationale avec l’espoir d’y être installé en violation des lois. À défaut, il n’exclut pas le recours à la force, soit par le biais d’une alliance ou d’une coalition armée avec les séparatistes anglophones; soit à travers un soulèvement populaire. Il suffit de lire et d’écouter ses interventions: « Trop c’est trop; tenez-vous prêts ». N’étant pas parvenu à ses fins au gré de la volonté des électeurs, il compte sur la force d’une insurrection ou d’un mouvement populaire. Voilà le véritable gré à gré dont rêve Maurice Kamto. La farce n’a que trop duré.

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